Céline BINTEIN

Par son exploration et son expérimentation des formes génériques du cinéma américain, comme celles du mélodrame et du biopic, Todd Haynes ne cesse d’interroger les normes et les structures de la représentation cinématographique. A travers un jeu qui relève d’une forme de postmodernité, qui n’a cependant rien de gratuit, de citations directes ou indirectes, de pastiches, de transpositions, et d’hybridations, les codes de la représentation des genres et des sexualités sont ainsi à la fois questionnés et mis au service d’une critique du contrôle social qui pèse sur les subjectivités, et plus particulièrement sur les identités et les rapports de genre. Dans une synthèse parfaite du fond et de la forme, mais aussi de l’émotion et de la distance, le cinéma de Todd Haynes relève ainsi selon nous d’une poétique trans-formiste, qui oppose les principes du difforme, du polymorphe et de l’informe aux injonctions fixistes et essentialistes véhiculées par les stéréotypes sociaux et cinématographiques.