Ioanna NEOFYTOU
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Thématiques de recherche
Titre de la thèse
La guerre des images et les images de la guerre : Documentaire et art contemporain à l’ère de la nécropolitique.
Sujet de la thèse
Dans cette recherche, nous examinerons à travers l’art documentaire et des projets artistiques personnels, le développement parallèle et la corrélation évolutive entre les machines de vision et les machines de guerre (Paul Virilio). Cette recherche s’étend à la fois sur l’évolution et les changements de la guerre à l’ère du « choc et stupeur », et sur les nouvelles technologies de visualisation et de contrôle à distance. Les nouvelles technologies de vision, qui dispersent le champ de la bataille, sont à l’origine de nouvelles politiques de l’image qui déterminent la perception de la violence guerrière contemporaine. La question de la distance (la géographie relative des guerres à distance, la représentation des conflits éloignés), devient le point de départ pour chercher des pratiques artistiques originales qui tentent d’expliquer la façon dont se manifeste une violence invisible et souvent inaperçue. Nous étudierons les effets visuels, politiques et sociaux que la représentation de la guerre à travers des images opératoires (c’est-à-dire des images produites par des systèmes de surveillance et de haute technologie de visualisation qui sont « décodées » par d’autres machines sans la médiation humaine) a suscités.
La question à laquelle nous cherchons à répondre est la suivante : comment interpréter l’image contemporaine qui sort de la guerre quand celle-ci est une image technique, quantitative, et chiffrée, et quand elle n’arrive pas à représenter d’une manière explicite la violence commise ? Nous observerons les techniques de représentation à travers lesquelles l’art contemporain et le documentaire ont remis en question les perceptions dominantes de la guerre, des réfugiés, du nécropouvoir, du droit à la vie et de l’ennemi. Les œuvres examinées dans cette recherche s’interrogent sur les limites représentationnelles des images opératoires ; elles mettent en évidence une nouvelle esthétique d’archive, et elles interviennent de manière critique dans le discours public. Nous examinerons les œuvres et les écrits de Harun Farocki qui utilise des archives d’images opératoires, et qui produit, à partir du traitement de ces dernières, des documents de contre-visibilité sur des évènements censés demeurer invisibles. Nous étudierons aussi des artistes comme Richard Mosse et Trevor Paglen qui utilisent ces mêmes techniques de visualisation sophistiquées pour créer des images operatoires alternatifs, et des artistes comme James Bridle et Omer Fast, qui produisent des œuvres originales soulevant des questions sur les nouvelles conditions de la guerre et sur la représentation de cette dernière.
Cette recherche s’achève avec l’analyse des œuvres qui s’interrogent sur la futurabilité (Franco Berardi), perçue comme le champ du possible et du devenir où le futur se réalise hors des restrictions du nécropouvoir actuel. À travers l’œuvre de Warren Neidich, nous observerons les nouvelles formes de contrôle social réalisé à travers la gouvernementalité algorithmique. L’œuvre des artistes Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon s’interroge sur l’efficacité de l’automatisme contemporain, sur l’agentivité de la machine et sur les relations de contrôle qui s’imposent. Des artistes comme Bridle, Degoutin et Wagon remettent en question la dominance humaine sur la nature et la technologie pour réinventer notre relation avec elles et pour proposer des paradigmes originaux d’usages équilibrés de la technologie, fondés sur l’égalité et sur le soin mutuel.
Enfin, cette recherche porte un regard étendu sur des projets artistiques personnels, qui interagissent et dialoguent avec les autres œuvres examinées sur les questions soulevées et sur les techniques et moyens de création
Soutenue en
2023-12-18
Date de 1ère inscription
1 octobre 2016
Directeur·rice
BUIGNET/FAGNARD
Université d’origine
AIX MARSEILLE UNIVERSITE
Fichiers à télécharger
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Mots Clefs
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