Philippe USSEGLIO
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Propos liminaires septembre 2018
Le parcours de Bob Dylan dans le monde du spectacle des auteurs-compositeurs interprètes est une somme de permanence et d’impermanence, de fidélité et de reniement, de trahison et d’héritage, d’archaïsme et de modernité, de révolution et de conservatisme. Le médium utilisé, symbolique, expressionniste et marqueur de cette étrange carrière est sans aucun doute sa voix…les voix de Bob Dylan, devrait-on dire, qui accompagnent le plus souvent l’auditeur, quand la voix du chanteur accompagne la vie entière de l’autre. C’est de cette perception à la fois émotionnelle, esthétique et poétique qu’est certainement né ce sujet de thèse… de cette voix parvenue incidemment des Amériques (aux origines russes) aux oreilles des auditeurs du monde entier.
Les voix de Bob Dylan et leur art de l’esquive, ont toujours su susciter chez ceux qui s'y sont intéressés, la curiosité, l’énervement, les contours d’une mascarade, l’interrogation, la consolation, la surprise, l’urgence assurément, une puissance évocatrice presque tyrannique pour n'avoir ni l’envie, ni le désir de la voir s’éloigner.
Mais aussi du malentendu.
De cette voix et de cette parole, du dissensus (mais sans renier le consensus exprimé par le succès) qu’elles créent, pourquoi ce type d’énonciation a su ébranler autant les certitudes, ouvrir autant de possibilités dans la vie de l’autre (de cet autre rencontré chez Levinas)? Comment cette voix nous est parvenue et est demeurée, au fil du temps, aussi discordante et dans le même temps aussi familière que ce soit sur les albums (publiés officiellement ou pirates ou encore dans les ateliers de fabrication grâce aux séries « Bootlegs ») ou en concert…
Car l’expérience Dylan, de 1962 au prix Nobel, c’est ce partage depuis et ce sur tous les continents. C’est certainement un fait singulier dans le monde du spectacle et à cette échelle. Dans la linéarité du parcours, il y a un refus de la répétition et une idée de la régénérescence au moins désirée. Quelle est la signification d’un corps qui chante ? Il faudrait visionner le parcours inverse et juste rajouter : Que décide celui qui écoute les mots dits, prononcés, chantés ici? Et qui peut tenir lieu de réflexion.
PUBLICATIONS:
La Main de Thôt. Théories, enjeux et pratiques de la traduction, n° 8 : "Traduire la chanson" (A. Cayuela, C. Bertoneche, dir.)
http://revues.univ-tlse2.fr/lamaindethot/index.php?id=840
Vouloir traduire l’intraduisible : de l’interprétation à la traduction. Visions of Johanna de Bob Dylan dans « la cohérence réversible du monde » Philippe Usseglio
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