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Youssra MANSAR

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Thématiques de recherche

Acteur,Drone,Scène et nouvelles technologies,Images du corps,Analyse de l'énonciation,Création d'expérience

Titre de la thèse

NOVABOT Acteur et drone. Dialectique du corps en scène et de son image fragmentée.

Sujet de la thèse

Le projet Novabot consiste en une approche interdisciplinaire, ancrée dans l’articulation des arts de la scène et de la recherche en robotique, du rapport encore inédit entre acteurs et drones. Dirigé par deux chercheurs de l’université d’Aix-Marseille, Louis Dieuzayde, Maître de conférences en esthétique théâtrale au LESA, et Julien Serres, Maître de conférences HDR en robotique bio-inspirée à l’ISM, il se fonde dans un processus d’expérimentation qui sera finalisé par une création diffusée à son terme sur le plateau du Théâtre Antoine Vitez. Nous envisageons de mettre en interaction un acteur et un mini-dirigeable robotisé, baptisé Novabot, partiellement déjà conçu mais appelé à être développé dans ses capacités de mouvement et de captation filmique de manière complètement automatisée. L’acteur au travail serait mis sous l’observation de l’oeil de la caméra de Novabot qui se déplacerait avec lui en maintenant toujours la même distance. Novabot espionnerait ainsi certains éléments généralement peu perceptibles du corps de l’acteur (oeil, main, jambe, nuque…) et projetterait sur des écrans installés sur la scène un montage instantané de ces images capturées. Un tel dispositif de captation permettrait de rendre visibles certains aspects de la fabrique du jeu de l’acteur notamment au travers de ses réactions corporelles que le spectateur n’est naturellement pas appareillé à percevoir. Notre recherche consistera donc à explorer la manière dont un drone peut venir augmenter la perception de la performance scénique de l’acteur en opérant une qualité de filmage inédite, retransmise en direct, qui la fragmente, la dissocie, focalisant l’attention sur des détails habituellement indétectables et indétectés. Il s’agira d’examiner de manière presque « spectrographique » la surface du corps pour surprendre les mécanismes qui s’y produisent au contact d’un texte, d’appréhender le processus altérant de la dynamique d’une langue poétique au sein d’un corps mouvant qui l’énonce et qui se phénoménalise à son contact. Le texte investi dans ce projet résultera d’un montage de fragments de l’oeuvre de Valère Novarina, auteur de théâtre contemporain dont l’oeuvre dynamite et régénère la langue tout en soumettant l’acteur à l’exploit de son énonciation. Louis Jouvet définit le jeu comme un « exercice de déséquilibre de soi » et, en effet, chaque langue poétique déforme et reforme le corps en introduisant un déséquilibre qui vise un nouvel équilibre spécifique à son plan d’action : elle produit un processus continu et sous-jacent de vacillement, de relâchement, d’inflexion, de torsion, de reconfiguration et de transformation. Le corps est en quelque sorte déconstruit - ouvert, rendu provisoire, comme dé-créé – afin d’être ensuite recréé selon l’action poétique de la langue qui impulse l’action de jouer. Novabot aura ainsi pour mission de guetter au plus près de l’acteur les indices par lesquels il dévoile le cheminement intérieur de son travail. L’enjeu sera de créer ainsi une sorte d’étude phénoménologique du processus de jeu de l’acteur investi au présent de l’acte d’énonciation. Si de nombreuses études ont été faites sur le mouvement corporel, est restée en effet quasiment inexplorée cette question de l’action qu’imprime un texte dans le corps d’un acteur en jeu. C’est bien le phénomène même de l’incarnation, central au théâtre, qui est ici concerné, lequel, par le biais de la captation dronique, peut gagner en potentialité de visualisation et donc d’analyse. Cette expérimentation sera à même de fournir un matériel de données inédit permettant l’étude des mécanismes de l’énonciation au sein d’un corps en jeu, approfondissant de ce point de vue l’approche théorique de l’acteur. Fragmenter, focaliser et augmenter la perception de la présence actorale auprès du public sera en outre susceptible de créer une immersion de chaque spectateur dans le coeur du procès de fabrication de l’acteur. Gilles Deleuze considère que le théâtre est l’enlacement spécifique d’une opération de pensée à la matérialité de la scène et du corps. Sous cette impulsion et par un effet de contamination interdisciplinaire, notre recherche engagera le protocole d’un rapport théorie/pratique actif entre un volet d’expérimentation et un volet analytique. La part théorique du projet sollicite des disciplines mettant le corps au coeur de leur approche, à savoir les sciences du mouvement pour une approche proprioceptive, les études en arts de la scène s’attachant à l’articulation de la langue et du corps, la psychanalyse dans sa conception de la fonction de l’image et de la langue dans leurs effets de subjectivation et enfin les études cinématographiques pour leur analyse du mécanisme de la projection. L’intérêt technologique du projet consiste à affiner la structure, les modalités de déplacement et la qualité de « présence » scénique du drone-dirigeable Novabot. Ce dernier sera mis au point par l’équipe Biorobotique de l’Institut des Sciences du Mouvement, poursuivant le travail entrepris depuis deux ans avec une étudiante stagiaire des arts de la scène. Il s’agira d’un engin volant de petite taille (masse totale inférieure à 100 g), sans danger physique pour le public et pour l’acteur, permettant à ce dernier de le manipuler potentiellement afin de le spatialiser où il le souhaite, dont le bruit des hélices sera réduit au maximum, avec une très faible consommation d’énergie pour favoriser son autonomie. Novabot aura une taille de 0,90 m pour une capacité utile de 55 g., de telles caractéristiques mécaniques le positionneront à la pointe des expérimentations actuelles en termes de robotisation. Le nouvel enjeu sera d’intégrer un asservissement visuel sur l’acteur, en exploitant le flux visuel de la caméra pour réaliser le suivi de l’acteur à partir d’algorithme reposant sur de l’apprentissage et/ou du flux optique. L’objectif sera donc de s’affranchir d’un système de capture du mouvement tel qu’il a été conçu dans le brevet américain de Zhang et al. 2019 afin de suivre notamment, au plus près, le visage de l’acteur. Le flux visuel de la caméra sera ainsi transmis sans fil et en temps réel ; un logiciel de montage retransmettra sur écrans les captations pour les dévoiler au public. Des temps d’expérimentations sont prévus dans l’amphithéâtre dédié à la section Théâtre de la Faculté ALLSH, dans la salle de répétition théâtrale du bâtiment Turbulence à Saint-Charles, dans l’arène de vol de la Méditerranée de l’ISM à Luminy et au Théâtre Antoine Vitez à Aix-en-Provence. Un ingénieur multimédia et plusieurs techniciens (son, image, vidéo) de la Faculté ALLSH assisteront le projet sur le plan du filmage, du montage et du mixage, ainsi que l’équipe technique du Théâtre Antoine Vitez pour la finalisation des représentations publiques.

Soutenue en

Date de 1ère inscription

1 octobre 2021

Directeur·rice

LOUIS DIEUZAYDE Codirecteur : Julien SERRES

Université d’origine

AIX MARSEILLE UNIVERSITE

Fichiers à télécharger

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Mots Clefs

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