À propos de Expanded Nature. Entretien avec Emmanuel Lefrant et Elio Della Noce
Le livre Expanded Nature – Écologies du cinéma expérimental est un ouvrage collectif qui propose de réfléchir une diversité d’œuvres et d’époques réunies autour de l’idée du rapport entre les images et la nature. À l’occasion de sa parution, les deux initiateurs du projet Emmanuel Lefrant (cinéaste et directeur de Light Cone ) et Elio Della Noce (cinéaste et récemment docteur en Arts, spécialité études cinématographiques et audiovisuelles de l’Université Aix-Marseille) ont proposé dans différentes salles, en France et à l’international, un cycle de films expérimentaux autour des enjeux du livre. Invités par le CRITICAL MEDIA LAB de McGill à la cinémathèque Québécoise en Novembre 2022, ils nous ont accordé une entrevue dans laquelle ils éclaircissent certaines questions importantes qui ont irrigué le projet tout au long de sa construction.
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Entretien de Elio Della Noce avec Yann Beauvais, le 24 février 2022
yann beauvais figure comme un acteur infatigable du cinéma expérimental en France. À la fin des années 1970, il est adhérent actif de la Paris Film Coop avant d’être le cofondateur de Light Cone en 1982 aux côtés de Miles McKane. En 1996, il soutient la création du premier laboratoire autogéré parisien « L’Abominable ». À son engagement dans le tissu associatif s’ajoute un foisonnement éditorial, puisqu’après avoir lancé la revue Scratch dans les années 1980 – revue qui invite à des échanges théoriques avec la critique anglo-saxonne – il dirige des monographies de cinéastes (Paul Sharits, Malcolm Le Grice, Cécile Fontaine) et des anthologies qui traversent l’histoire contemporaine du cinéma d’avant-garde. En tant qu’enseignant, programmateur et commissaire d’exposition, il s’emploie depuis une cinquantaine d’années à disséminer sur la scène internationale la vitalité du cinéma expérimental français.
Une part conséquente de son œuvre de cinéaste met en mouvement des représentations de la nature. Par un artisanat sur pellicule d’abord, puis porté vers un cinéma élargi, yann beauvais décompose, fragmente, fait dévier le motif du paysage sur multiples supports et écrans. Après le structurel R (1975) une rencontre fortuite l’aurait éveillé à une conscience écologique : filmer la souche d’un arbre en putréfaction en 1976. Viennent le journal proto-écocritique Spetsai (1989) monté autour de fragments textuels de La Société du spectacle de Guy Debord, le quadri-paysage Quatr’un (1994) et ses études cézanniennes pour le film d’ailleurs (2006) tourné à la montagne Sainte-Victoire. Installé à Recife au Brésil depuis 2011, sa sensibilité écologique y trouve un nouveau lieu d’expansion : yann beauvais fréquente les minorités autochtones et leur pensée multinaturaliste (ouverte à la pluralité des sujets cosmologiques) ; ses films récents, comme Derrubada não ! (2019), font résistance contre les formes visibles ou souterraines de l’extractivisme colonial.
Sites de l’image (2021-2022)
Sites de l’image (2021-2022)
Oeuvres et virtualités
Séminaire annuel “Sites de l’image”
Conférenciers invités en 2017-2018 : Antoine Gaudin, Jean Mottet, Olivier Schefer, Antonio Somaini, Benjamin Thomas.
Conférenciers invités en 2018-2019 : Vincent Amiel, Emmanuelle André, Jacques Aumont, Loig Le Bihan, José Moure, Luc Vancheri
Conférenciers invités 2020-2021 : Emmanuel Alloa, Marie Rebecchi.